Je dois d’abord vous dire que je suis un peu déconcertée par des définitions que je lis sur le dictionnaire. Je les trouve désuètes et peu élogieuses. Le Robert nous dit que l’émotion est un "État affectif intense, caractérisé par des troubles divers (pâleur, accélération du pouls, etc.)" et le Larousse que c’est un "Trouble subit, agitation passagère causés par un sentiment vif de peur, de surprise, de joie, etc."
C’est un peu négatif non? Et si on commençait à voir une émotion comme une force, comme un signal qui nous pousse à agir?
Le mot émotion vient de émouvoir, d'après l'ancien français motion, mouvement et de la racine latine emovere signifiant « mettre en mouvement ». Cela aurait déjà du nous mettre la puce à l’oreille, bien avant que Daniel Goleman, docteur en psychologie, étudie l’intelligence émotionnelle dans les années 90 et le partage avec la planète dans un livre best seller.
Je préfère la définition du site académique perscol.fr selon lequel " L’émotion est une expérience physique et psychique que vit un individu en réaction à des situations environnementales externes ou internes."
Quelles sont les émotions?
Selon les travaux de Paul Ekman, il existe 6 émotions de base universelles. Ce sont des émotions dont les expressions faciales sont reconnues à travers toutes les cultures. Ce sont des émotions que l’on observe chez tous les humains.
- La joie
- La tristesse
- La colère
- La peur
- Le dégout
- La surprise
On parle d'émotions agréables et d'émotions désagréables.
L’émotion est un signal et vient exprimer un besoin.
Les émotions nous renseignent sur nos besoins.
Exemple d’émotion agréable et besoins associés:
- Émotion : Je suis heureux.
- Situation : Parce que je fête mon anniversaire avec des amis.
- Besoins : Appartenance, partage, …
Exemple d’émotion désagréable et besoins associés:
- Émotion : Je suis en colère.
- Situation : mon collègue vient de me faire un reproche sur un travail.
- Besoins : reconnaissance, valorisation, respect, …
Il est parfois difficile de trouver les bons mots, de verbaliser nos émotions
Suis-je énervé? Frustré? La roue des émotions est un outil qui vient aider à poser des mots, à enrichir notre vocabulaire des émotions. En voici un exemple (Ref. Harmonie Académie)
J'aime beaucoup la version adaptée de la roue des émotions par une psychologue du nom de Justine Deleruyelle- sa publication "Linked-in " ici. Sa roue inclut le vocabulaire, les sensations corporelles, les besoins et les techniques de régulation pour chaque émotion.
L'idée étant de se questionner en 3 étapes:
--> Comment je me sens physiquement? Que me dit mon corps?
--> Quelle émotion domine?
Exemples: je suis content, serein, nerveux etc
--> Quel est mon besoin?
Exemples : besoin d'espace, de repos, de changement, d'évolution, de sens, d'honnêteté, d'affection, de considération, d'autonomie...
Il existe des techniques pour réguler les émotions: parler, se rappeler ses forces et ses qualités, respirer, prendre l'air, faire du sport, se mettre dans une bulle de sécurité, etc
A quoi servent les émotions?
Selon Goleman, « la conscience des émotions est l’aptitude émotionnelle fondamentale sur laquelle s’appuie les autres, notamment la maîtrise de soi. (…) La notion de maîtrise de soi émotionnelle ne signifie pas qu’il faille nier ou réprimer ses véritables sentiments. La colère, la tristesse et la peur peuvent devenir des sources de créativité, d’énergie et nous rapprocher des autres. La colère peut être une puissante source de motivation, surtout quand elle traduit le besoin de réparer l’injustice. Et le sentiment d’urgence qu’engendre l’anxiété peut stimuler la créativité. (…) La compétence émotionnelle consiste à choisir le mode d’expression de nos sentiments le plus approprié."
Reconnaître la valeur de nos émotions peut nous aider à apprendre et à grandir.
Selon le site Stratégie en milieu de travail sur la Santé mentale (article complet ici ), les émotions ont les fonctions suivantes:
1. Les émotions motivent nos actions – par exemple, lutter, fuir ou figer.
2. Les émotions indiquent aux autres que nous faisons face à des facteurs de stress et que nous avons peut-être besoin de soutien.
3. Les émotions comportent de la sagesse. Elles nous disent que quelque chose d’important dans notre vie est en train de changer ou nécessite notre attention.
Dans chacun de ces cas, ignorer ou réprimer notre réponse émotionnelle nous empêche d’apprendre et d’agir.
Je vous mets en lien un livret très clair sur les émotions, proposé par le Centre intégré universitaire de santé du-Centre-du-Québec au Canada:
https://www.santemonteregie.qc.ca/sites/default/files/2022/06/f1.pdf
Et une excellente vidéo « Et tout le monde s’en fout »:
Et pour les scientifiques en herbe, qu'en disent les neurosciences? (Ref. L'intelligence Emotionnelle, Daniel Goleman)
Du point de vue physiologique, de nouvelles études viennent remettent en question d’anciens fondements. Selon LeDoux, pionnier de la neurologie des émotions, c'est l'amygdale (petit amas sur la partie supérieure du tronc cérébral) qui est la spécialiste des questions émotionnelles; elle commande toutes les émotions. Il a montré avec ses recherches que anatomiquement "le système qui gouverne les émotions peut agir, indépendamment d'une néo cortex. Certaines réactions et certains souvenirs émotionnels peuvent se former sans la moindre intervention de la conscience de la cognition. "Quand l'amygdale perçoit un début de signification, elle tire immédiatement une conclusion et déclenche l'alarme avant d'avoir reçu entière confirmation des faits, voire sans la moindre confirmation. Il ne faut donc pas s'étonner si nous manquons de jugement lorsque nous sommes la proie des émotions." (…) "L’amygdale déclenche des réactions impulsives et angoissées, mais une autre partie du cerveau se charge de rectifier le tir. Le centre qui tempère la réaction de l'amygdale, se trouve à l'autre extrémité du circuit principal menant au Neo cortex, dans les lobes pré-frontaux, situés juste derrière le front. Le cortex pré-frontal, intervient lorsque l'individu a peur ou en colère. Son rôle est d'inhiber ou de maîtriser ses sentiments, pour que la personne puisse faire face efficace à la situation, ou modifier totalement sa réaction, si les circonstances l'exigent. (…) Cette région du néo cortex fournit une réponse plus analytique, plus appropriée à nos impulsions affectives, qui module celle de l'amygdale et des autres air limbiques."
Ajouter un commentaire
Commentaires